Proposition soumise pour le financement du PREA
1. Contexte et objectifs du PREA
Convaincus du rôle essentiel que joue l'éducation dans le développement économique et social, et reconnaissant le rôle de la recherche pour l'élaboration et la mise en œuvre des politiques et réformes éducatives, l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) et le point focal de la Banque africaine de développement pour le renforcement des capacités- l’Institut Africain pour le Développement (IAD/BAD) ont convenu de s'associer pour le lancement du Prix pour le Recherche en Education en Afrique (PREA) Avec le soutien financier initial de la coopération économique Corée-Afrique (KOAFEC). La détermination de la KOAFEC à aider l’Afrique est bien placée si l’on se réfère à la Déclaration conjointe de la KOAFEC « L’Afrique sur la relance, avec la Corée ». Par cette déclaration, la partie coréenne accepte explicitement de continuer à poursuivre une coopération économique à long terme avec l’Afrique afin de soutenir les efforts du continent pour réduire la pauvreté et promouvoir une croissance économique durable. Plus précisément, elle a accepté d’aider l’Afrique à relever différents défis.
L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA)est un prestigieux forum pour les acteurs de l’éducation et de la formation de l’éducation en Afrique et,en unissant ses forces à celles de l’IAD, elle pourrait contribuer au développement d’une synergie et à desprestationsplus efficaces de renforcement des capacités dans le domaine de la recherche surl’éducation et la formation. En fait, l’ADEA excelle également dans la direction intellectuelle du secteur par le biais d’études et d’analyse sur les politiques éducatives, de consultations et de dialogue. Initialement conçue et lancée sous le nom de Bailleurs de fonds pour l’éducation en Afrique (DAE) par la Banque mondiale en 1988, elle est devenue l’ADEA en 1995 dans le but d’élargir le lien qui existe entre le dialogue et les partenariatsau service du développement de l’éducation en Afrique.
L’ADEA rassemble les ministres africains de l’Education, les agences de développement, les fondations, les universités, les ONG, les chercheurs et les professionnels de l’éducation pour débattrede l’éducation en Afrique. L’Association soutient également le lancement d’études sur les principales problématiques relatives à l’éducation en Afrique et organise des réunions, en particulier ses Biennales très suivies qui réunissent des centaines de délégués, pour examiner et discuter des contraintes majeures et des questions qui leur sont liées. L’ADEA a réussi à mobiliser les ministres africains de l’Education dans le but d’instaurer un dialogue entre les ministres des Finances et de l’Education et de transformer les approches du financement de l’éducation.L’ADEA qui est soutenue par la BAD et hébergée dans son siège temporaire fonctionne en étroite collaboration avec les unités de la BAD.
Le mandat de l’Institut africain de développement (IAD) est essentiel à la Stratégie à moyen terme (SMT) de la Banque : il est chargé de la formation et d’autres activités de développement des capacités pour appuyer les opérations financées par la Banque. Depuis 2010, l’IAD est le point focal du Groupe BAD en matière de renforcement des capacités qui est un grand défi nécessitant de nouvelles façons d’agir en renforçant le rôle de la Banque en tant qu’institution du savoir et de numéro un du DC en Afrique. Les principaux piliers de la stratégie de l’Institut sont les suivants : i) renforcer les partenariats pour collaborer avec les clients et d’autres institutions (pilier 2) ; ii) 3 promouvoir le partage des connaissances(pilier 3) ; iii)améliorer l’application des connaissances pour favoriser l’efficacité des opérations de la Banque (pilier 4). La recherche et l’éducation sont essentielles au renforcement des capacités et au partage des connaissances.
La Banque et l’ADEA ont énormément investi dans la recherche et les travaux analytiques afin de soutenir leurs missions respectives - la promotion du dialogue politique, le changement et les réformes transformatives de l’éducation en Afrique. Cela implique également le renforcement des capacités entre ses principales parties prenantes :les ministres africains de l’Education, les hauts responsables politiques, les agences bilatérales et multilatérales de financement et d’assistance technique, les institutions internationaleset nationales non gouvernementales, les organisations de la société civile et les praticiens de l’éducation dans leur ensemble.
Les contraintes actuelles de la recherche en éducation
L’implication de l’ADEA et de la Banque dans la commande de travaux de recherche menés en Afrique par des chercheurs basés en Afrique a clairement démontré la nécessité de s’engager dans le renforcement des capacités des chercheurs africains existants afin d’offrir une recherche de qualité supérieure. De nombreux facteurs expliquent cette situation : les ressources limitées pour entreprendre des travaux de recherche, les difficultés associées à la langue et aux modes de communication des résultats de la recherche (par exemple, devoir rédiger dans des langues qui sont véritablement étrangères), la dépendance à des théories et des constructions incompatibles avec la complexité de l’éducation africaine ainsi que les contraintes du partage de la recherche avec un public plus large. On peut aussi noter que peu de ministères de l’Education ont une culture bien développée de la recherche qui impacte l’orientation de la prise de décision. De plus, lorsque la recherche est nécessaire, on fait trop souvent appel à des chercheurs occidentaux qui utilisent des théories, des constructions et des pratiques incompatibles avec le contexte africain, ce qui a pour effet la mise en place de pratiques éducatives qui ne sont pas particulièrement adaptées au contexte éducatif africain.
Au fil des ans, beaucoup a été fait beaucoup pour encourager les ministères de l’Education, les organisations de recherche, les universités et les ONG à s’impliquer davantage dans différentes formes de recherche en éducation et à utiliser davantage et faire un meilleur usage des travaux déjà réalisés. Les Biennales ont offert d’excellentes opportunités de solliciter des études réalisées « dans les règles de l’art », d’enquêter sur ce qui a été identifié comme les enjeux politiques clés, les pratiques et les expériences de mise en œuvre des politiques sur le terrain. En outre, les institutions et les experts individuels ont été invités à faire la synthèse de leurs idées dans leur domaine de spécialisation. Ce travail a commencé à montrer les forces de la contribution potentielle de la recherche ainsi que les contraintes en matière de capacités auxquelles sont confrontés les ministères, les institutions de recherche et les chercheurs. Il est clair qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer les capacités humaines en matière de recherche et la capacité des ministères et des institutions à faciliter tant la production que l’utilisation de la recherche, en particulier celle qui est directement pertinente pour l’élaboration des politiques et des pratiques.
Objectifs du PREA
L’ADEA et l’IAD lanceront en 2012 le Prix pour la Recherche en Educationen Afrique avec le soutien de la KOAFEC.
Ce Prix aura les objectifs généraux suivants :
- Renforcer le lien entre la recherche en éducation et l'élaboration des politiques d'éducation et leur mise en œuvre en Afrique.
- Encourager et soutenir les chercheurs basés en Afrique et leurs institutions à produire et à diffuser des travaux rigoureux et pertinents susceptibles de stimuler l'élaboration de politiques éducatives innovantes pour l'Afrique.
- Faciliter les rapports entre les chercheurs et les décideurs afin que les résultats de la recherche soient plus utilisés dans la formulation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques.
En fin de compte, le PREA visera également à institutionnaliser une culture de recherche de haute qualité et pertinente en éducation dans les universités africaines, les réseaux de recherche et instituts. Elle le fera en récompensant la recherche sur les politiques et les pratiques éducatives innovantes en Afrique. C’est en effet dans ce domaine que l’on peut trouver les points d’entrée les plus fertiles pour l’interface entre la recherche et la prise de décision.
2. Contenu et méthodologie de mise en œuvre
Construire un large réseau de partenaires autour du Prix
Le réseau constitué par l’ADEA et l’IAD permettra à la raison d’être du Prix de recueillir une large adhésion. En effet, la réussite du Prix dépendra du soutien que l’IAD et l’ADEA seront en mesure de réunir des principaux acteurs comme les réseaux et les instituts africains de recherche, les ministères de l’Education, leurs partenaires techniques et financiers (agences de développement bilatérales et multilatérales), les organisations de la société civile et les autres parties intéressées (par exemple, les groupes médiatiques et les fondations).
Le prix sera géré et mis en œuvre avec l’appui d’Education sans Frontières (ESF) et de l’Université nationale de Séoul (SNU) de Corée. ESF et la SNU offrirontégalement des opportunités de formations complémentaires aux chercheurs lauréats des différentes catégories du Prix. Cet appui prendra la forme de bourses d’études, d’opportunités de recherche post-doctoraleset sera déduit des Prix.
3. Fréquence, catégories de prix et critères d’éligibilité
Ce Prix est décerné tous les ans à partir de 2012. Il se compose de quatre catégories :
Catégorie 1 : Chercheur en éducation émergent
Peuvent concourir dans cette catégorie les chercheurs en éducation africains basés en Afrique, âgés de 40 ans au plus le 31 décembre 2012, qui ont mené au moins un travail de recherche remarquable et pertinent.
Catégorie 2 : Chercheur en éducation chevronné
Peuvent concourir dans cette catégorie les chercheurs en éducation africains basés en Afriquedepuis 3 années consécutives au moment de leur candidature et qui ont acquis la reconnaissance de leurs pairs et/ou de la communauté éducative pour la production et l’impact de leurs recherches.
Catégorie 3 : Mentor émérite de chercheurs en éducation
Peuvent concourir dans cette catégorie les ressortissants africains (basés en Afrique ou ailleurs) qui sont des chercheurs chevronnés, reconnus pour leur contribution au renforcement des capacitésen appuyant le développement professionnel dechercheurs en éducation basés en Afrique.
Catégorie 4 : Environnement institutionnel propice à la recherche en éducation
Peuvent concourir dans cette catégorie les institutions africaines à but non lucratif (centre, institut, division, département, faculté ou unité) reconnues pour leur leadership et leur aptitude à promouvoir et à maintenir la production et la diffusion de recherches en éducation de qualité et pertinentes.
La description détaillée et les critères de sélection des lauréats des différentes catégories du Prix ainsi que les stratégies et les processus de mise en œuvre sont précisés dans les statuts
Composantes des Prix
Chaque catégorie du prix comprendra des composantes pécuniaires et en nature. La composante en nature comprend un voyage d'étude à l'Université de Séoul, en Corée du Sud.
Gestion du programme du prix
Un Comité scientifique (CS) est chargé de l’administration du programme du Prix, de la validation des candidatures, de la sélection et de la convocation des membres du jury et des récipiendaires du Prix, y compris de la vérification de leur parcours pour s’assurer de la déontologie de leur comportement professionnel en ce qui concerne tous les éléments du processus de recherche.
Le CS est composé de 7 à 11 membres nommés, comprenant le président et les deux membres de droit de l’ADEA et de l’IAD/BAD. Les membres du CS sont des individus ayant l’expertise et l’expérience du développement et de l’utilisation de la recherche en Afrique et sont issus du monde universitaire, des conseils et des commissions de l’éducation, des réseaux de la recherche en éducation, de la communauté de la recherche en éducation dans son ensemble, des ministères africains chargés de l’Education, de la Formation et de la Recherche, du secteur privé et des réseaux des syndicats d’enseignants.
Le CS peut coopter des membres supplémentaires sur une base ad hoc pour des tâches spécifiques. Les membres nommés du CS peuvent accomplir un mandat initial de deux cycles avec la possibilité d’un renouvellement pour un cycle supplémentaire au maximum. Le nombre de membres pouvant accomplir un mandat supplémentaire est déterminé pendant le second cycle. Le renouvellement des membres s’effectue de manière échelonnée pour garantir la mémoire institutionnelle et la continuité.
Parmi les membres nommés du CS, au moins la moitié doit être basée en Afrique et les autres peuvent venir de n’importe où dans le monde. La composition du CS devra refléter la diversité régionale et linguistique qui existe sur le continent africain et l’engagement d’équilibre entre les genres
Composition des jurys
Chaque catégorie du prix aura un jury composé de 3 membres(y compris le président) nommés par l’ADEA. Chaque jury est composé de telle sorte qu’il a collectivement la capacité d’évaluer les candidatures à la fois en anglais et en français.
Au moins 2 membres de chaque jury devront être basés en Afrique et le troisième pourra venir de toute autre région du monde. La composition de chaque jury devra refléter la diversité régionale et linguistique qui existe sur le continent africain ainsi que la représentation du genre.
Catégories 1 & 2 :les membres du jury devront avoir démontré leur expertise dans les diverses méthodologies de recherche et leur familiarité avec les défis associés à la conduite de la recherche sur le continent africain. Ils devront avoir un long passé de chercheur. Tous les membres du jury devront avoir une connaissance avérée des contextes éducatifs et des questions de politiques éducatives sur le continent africain.De plus, au moins un d’entre eux devra avoir de l’expertise dans le domaine de la valorisation dela rechercheafind’éclairer les politiques et les pratiques éducatives.